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Faut-il un plan Borloo ?

Dernière mise à jour : 6 avr. 2021



Nos quartiers souffrent d'une image déplorable. L'attention des médias se fixe sur leurs difficultés et les explications avancées sont souvent dégradantes. A la vision accusatrice, qui résume la banlieue à la délinquance, répond la pensée victimaire qui la réduit à l'assistanat.

Pourtant, il n'est qu'à se rendre à Nanterre (Hauts-de-Seine), Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ou Sartrouville (Yvelines) pour trouver tout ce qui en fait la force. Il s'y trouve d'abord une volonté d'entreprendre. Près 286.000 sociétés ont exercé leur activité en banlieue entre 2007 et 2013. Cet élan vient de la jeunesse : 53 % des entrepreneurs y ont moins de 40 ans contre 33 % pour la France.

Sans nier les problèmes, il faut changer notre perception des quartiers.

On y sent aussi une vive créativité. Le mouvement hip-hop, notamment le rap, a une place incontestable dans notre société. Il est à cet égard un beau symbole qu'Ali Ramdani, dit « B-Boy Lilou », champion du monde de break dance aux couleurs de la France, soit originaire de Vaulx-en-Velin, banlieue lyonnaise marquée par les émeutes dans les années 1990.


Sans nier les problèmes, il faut changer notre perception des quartiers. Nous verrons alors que les réalités décriées viennent d'un mal plus profond et que la solution peut venir des habitants. Pour cela, la politique de la ville doit encourager la libre initiative et se focaliser sur les problèmes fondamentaux.

Education et emploi

Le premier est la concentration des difficultés économiques et sociales. La mère des batailles sur ce front est l'éducation. Si le dédoublement des classes de CP et CE1 en REP + est positif, la hausse des moyens ne peut être l'unique réponse.

Il faut changer nos méthodes d'enseignement. Les écoles libres pourraient en être le laboratoire, à l'exemple des pratiques du réseau Espérance banlieue.Nous devons aussi aider les étudiants à continuer leurs études. Plutôt que le saupoudrage de bourses, un prêt à taux zéro serait plus responsabilisant et plus adapté aux besoins des élèves modestes.

S'agissant de l'emploi, la plus grande flexibilité du droit du travail doit s'accompagner de la destruction des plafonds de verre. Le CV anonyme, qui n'a pas dépassé le stade de l'expérimentation, doit être généralisé. Pour les entrepreneurs des quartiers, nous devons simplifier le maquis des aides au sein d'une agence qui devra les mettre en lien avec des investisseurs ou même des experts bénévoles.

Vivre ensemble et urbanisme

Le deuxième est la montée du communautarisme. Le séparatisme islamiste prend en otages les habitants des quartiers qu'ils soient croyants ou non. Une réponse d'autorité, fondée notamment sur la fermeture des salles de prière où est prêchée la haine, doit être complétée par une aide au libre exercice du culte, telle que la formation des imams. Le communautarisme se combat aussi par un dialogue entre les Français. En plus du rétablissement du service militaire, un programme d'échanges scolaires obligatoires est à inventer. Des chantiers lycéens pourraient ainsi rassembler des jeunes de toute la France autour de projets communs.

Enfin, la dégradation du cadre de vie des quartiers demande une réponse nouvelle. Il faut reconnaître le tort que les urbanistes et la pensée de Le Corbusier ont fait à la cohésion sociale. Les cités radieuses, fondées sur une organisation fonctionnelle, n'ont pas amené l'émancipation. Le contre-pied de cette idéologie est simple. « Aérer, unifier, embellir », était le programme de Haussmann à Paris. Il doit en être de même pour les banlieues.


Cela implique d'en finir avec les tours pour promouvoir un habitat à taille humaine où les habitants se sentiraient chez eux. Les conseils citoyens sont des interlocuteurs utiles pour relayer leur parole. La rénovation a certes eu des premiers résultats mais de nouveaux moyens seront néanmoins à mobiliser dans le cadre de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine.

Toute notre politique de la Ville doit donc être rebâtie. La liberté et l'émancipation : voilà un horizon à poursuivre ! Aux décideurs désormais de regarder la jeunesse dans les yeux, au-delà des images médiatiques, pour lui donner le respect et les réponses qu'elle attend.







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